L’hiver fut incroyablement rigoureux, tel qu’habituellement en Ukraine. Décembre ne fut pas encore tellement froid mais en janvier et février la température tomba à – 23 degrés. Les gens vécurent plusieurs mois, sur le Maïdan, dans cette température extérieure glaciale car ils comprenaient parfaitement que s’ils partaient et se rendaient, ils perdaient et ils perdaient tout ce qui avait été mis en œuvre pour en arriver là; et vaines auraient été toutes les victimes et vains tous les mutilés — et le pouvoir n’attendait que cela! Mais le peuple ukrainien est très persistant en esprit et tu ne l’effraierais pas avec le froid glacial ! Grâce aux mécènes et aux activistes, on récupéra de nombreuses paires de chaussures et affaires chaudes. Sur la scène dressée au milieu du Maïdan, il y avait constamment quelqu’un qui intervenait, et une idée réchauffait les gens, l’idée de l’indépendance. Les militants et les participants se sont fabriqués des tonneaux spéciaux auxquels on pouvait se réchauffer et auprès desquels on pouvait se reposer. Certaines tentes possédaient un chauffage: on pouvait aussi s’y reposer et s’y réchauffer. Parfois, en période d’affrontement, les gens étaient amenés à se tenir debout pendant des heures dans le froid glacial, défendant ainsi les « frontières » de leur Maïdan de la milice et des troupes de l’armée; dans ce même temps, la milice renouvelait constamment ses troupes, effectuait des roulements, permettant ainsi à ses hommes de se reposer et de se réchauffer. Il faisait froid, l’ambiance était lourde et effrayante parce que personne ne savait ce qui allait advenir, mais tous savaient qu’il fallait rester. Et le Maïdan a tenu… a tenu jusqu ‘au coeur du printemps.